POIGNANT: Dans la peau d’un intouchable, de Marc Boulet

L’Inde. On l’imagine luxuruiante, fabuleuse, riche de ses palais et de femmes en saris colorés. Le journaliste indépendant Marc Boulet décide, en 1992, de se transformer en intouchable, la plus basse caste existante dans ce pays.

Les castes indiennes

En Inde, les habitants étaient classés par castes. Soient ils étaient purs, soient ils étaient impurs. Après leur abolition en 1950, la castéisme est resté très présent dans les mentalités. D’ailleurs, lorsque Marc Boulet y réalise sa métamorphose, en 1992, tous les indiens se définissent encore par des castes.
Ainsi, il existe la caste des Brahmanes, la plus pure, la plus élevée, puis celle des Kshatriyas, celle des Vaishyas et celle des Sudras. Puis, viennent les Dalits, appelés Intouchables, qui se situent hors du système.

Les castes les plus pures (les premières citées) ont globalement un mode de vie plus élevé que les autres. Ils se placent haut dans la hiérarchie sociale. La richesse joue également un rôle ; mais bien souvent, tout est lié. « L’expression « droits de l’homme » n’a aucun sens en Inde. C’est un concept fondé sur le respect mutuel entre les citoyens, un concept égalitaire impossible à greffer sur la société hiérarchique hindoue. » (Dans la peau d’un intouchable, M.B.).

La vie des intouchables

« Les intouchables sont environ 130 millions, soit 15% de la population indienne, auxquels il faut ajouter 65 millions d’authentiques aborigènes vivant dans la jungle et également considérés comme intouchables à cause de leurs coutumes tribales, donc primitives et impures.
Grosso modo, un Indien sur quatre est intouchable, ce qui représente un homme sur vingt-huit au niveau de la planète. » (Dans la peau d’un intouchable, M.B.)

Les intouchables font les « petits métiers » : cordonniers, vendeurs de légumes, balayeurs. Certains mendient. Ils vivent dans une seule pièce, sale, sans lumière, sans eau. Ils sont repoussés par les autres castes : on ne les touche pas, on ne boit pas leur eau, on n’accepte rien d’eux, voire même parfois, on ne leur parle pas. Et les intouchables entre eux se jugent impurs (un cordonnier ne touchera pas un balayeur par exemple).

D’Européen à intouchable

Marc Boulet a voulu se transformer en indien intouchable mendiant à Varanasi (Bénarès). Après plusieurs mois à apprendre l’hindi, l’argot, mais aussi les coutumes indiennes et celles des intouchables, il s’est teint la peau et les cheveux. Et est allé dans la rue.

Il décrit sa difficile expérience de solitude, sans véritable identité, perdu. Rapidement, il sait qu’il ne redeviendra jamais celui qu’il était avant.

Ce récit est passionnant. On y découvre l’Inde, la vraie. Avec son bruit incessant, les vaches dans les rues, la foule, les gares bondées, les indiens qui font leur besoin dans la rue, les odeurs, les personnes qui meurent à même le sol, sans qu’une âme ne fasse un geste ; ça prend aux tripes (autant le livre que le pays).

Je conseille vivement cette enquête de Marc Boulet, Dans la peau d’un intouchable, qui changera sans aucun doute la vision que certains ont de l’Inde et qui rappellera à d’autres comment la vie s’y déroule.

9782020246521

3 réflexions sur “POIGNANT: Dans la peau d’un intouchable, de Marc Boulet

  1. Eh oui… ça me fait toujours ricaner quand ma soeur (qui sort avec un Indien -génial- depuis l’été dernier, après un stage de 2 mois à Pondichéry) s’offusque lorsque j’ai le malheur de qualifier l’Inde de « traditionaliste »… en plus des coutumes parfois très arriéristes, il y a aussi la conception absolument hiérarchique de la société, juste incompréhensible pour nous.
    Je me souviendrai toujours de cet étudiant indien qui m’a prise à parti au milieu d’un groupe, mort de rire, méprisant: « C’est vrai qu’en France, vous donnez de l’argent à ceux qui ne travaillent pas?! ». La difficulté de leur expliquer un fonctionnement solidaire, social… le fossé est énorme entre nos pays!

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  2. Je suis tombé par hasard sur ce livre déposé en bookcrossing;et je pense bien le faire tourner!
    Du rire aux larmes…je m’aperçoit que je savais rien de l’Inde .
    Je vais me procurer le récit de son voyage en chine.

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